Home BACKSTAGE ICONS Tout commence par une Histoire…Catherine Lebrun nous raconte la sienne dans la Mode et le Luxe #2

Tout commence par une Histoire…Catherine Lebrun nous raconte la sienne dans la Mode et le Luxe #2

"J'étais une petite fille sage et on m'a toujours dit que je suis née avec dans une main un chiffon (je suis maniaque de la propreté) et un sac à main dans l'autre, parce que j'ai toujours été intéressée par les sacs à main des femmes de mon entourage, et aussi leurs chaussures"

by redazione

 

 

Pour ce deuxième rendez-vous de notre rubrique “BACKSTAGE ICONSLe côté caché du Luxe”nous partons à la rencontre de Catherine Lebrun experte de Mode et de Luxe.

Ma rencontre avec Catherine s’est faite par hasard. Je l’ai découverte sur le réseau professionnel LinkedIn, non pas à travers son impressionnant parcours (42 ans dans le secteur du luxe), que je ne connaissais pas encore, mais à travers ses interventions régulières sous des publications que je lisais également.

Ce qui m’a immédiatement frappée, c’est la lumière et l’intelligence qui émanaient de chacun de ses propos. Ses commentaires, toujours pertinents et enrichissants, m’apportaient quelque chose de nouveau à chaque lecture. Rien n’était jamais anodin, et surtout, ils dégageaient une énergie positive et une passion communicative.

Lorsque j’ai finalement pris le temps d’examiner son parcours, je n’ai pas été surprise. Catherine Lebrun est une véritable experte de la Mode et du Luxe, ayant mené une carrière brillante au sein de la Maison CHLOÉ. Son savoir et son expérience font d’elle une conteuse hors pair, capable de raconter l’histoire des grandes Maisons qui ont façonné le Luxe tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Aujourd’hui retraitée, Catherine demeure très active, poursuivant avec la même passion son engagement dans le monde du luxe et de la mode à la Paris School of luxury ou elle enseigne un nouveau module: Tout commence par une Histoire. Elle continue de transmettre ses connaissances, inspirant tous ceux qui ont la chance de croiser son chemin.

Catherine est à juste titre notre “BACKSTAGE ICONS – Le côté caché du Luxe” pour ce mois de mars 2025. Elle incarne parfaitement l’essence de cette rubrique, qui met en lumière des figures méconnues du grand public mais dont le talent et l’expertise contribuent, dans l’ombre des plus grandes icônes, à faire rayonner leur secteur et à lui donner tout son prestige.

Femme d’exception, passeuse d’histoires et d’élégance, Catherine nous dévoile aujourd’hui la sienne.

Bonne lecture !

 

 

 

Karl était un homme accessible, courtois, et il avait beaucoup d’humour et des mots très gentils pour ses collaborateurs. Il était brillant, je n’ai jamais dans ma carrière rencontré un designer aussi talentueux que lui.

CineBoul: Qui êtes-vous Catherine Lebrun?

C.LEBRUN: J’ai 64 ans et je réside en Ile de France à 15 km de Paris
CineBoul:Comment avez-vous débuté votre parcours dans ce monde? Et pourquoi le luxe? Qu’est-ce qui vous y a attiré ?
C.LEBRUN:J’ai débuté ma carrière chez Burberry en 1982, un peu par hasard – j’ai répondu à une offre d’emploi pour le bureau parisien, qui supervisait les marchés français, allemand, autrichien et suisse. J’ai été recrutée comme assistante du Directeur Marketing Européen, je parle anglais et allemand. J’ai trouvé cela très agréable pour une jeune femme de travailler dans ce milieu mode, même si à l’époque, Burberry vendait essentiellement les imperméables qui ont fait sa réputation, des accessoires, écharpes en cachemire et du prêt-à-porter. 
CineBoul:Quelle petite fille étiez-vous?
C.LEBRUN: J’étais une petite fille sage et on m’a toujours dit que je suis née avec dans une main un chiffon (je suis maniaque de la propreté) et un sac à main dans l’autre, parce que j’ai toujours été intéressée par les sacs à main des femmes de mon entourage, et aussi leurs chaussures !
CineBoul:Vos parents vous ont ils d’une façon ou d’une autre influencé vers ce monde?
C.LEBRUN :non, je ne crois pas – j’ai toujours aimé les belles choses, que ce soit les vêtements, les accessoires les arts de la table
CineBoul:Racontez-nous votre parcours dans ce milieu?
C.LEBRUN:J‘ai rejoint Burberry en 1982, puis j’ai travaillé de 1985 à 1987 pour le plus grand groupe industriel français de fabrication et distribution de marques de luxe, MENDES, et je travaillais pour Lanvin Diffusion Femme. Il existait à l’époque un grand groupe industriel italien qui fabriquait et distribuait les marques italiennes, ces 2 groupes étaient concurrents (je me souviens que le groupe italien avait des bureaux à paris, rue de Tilsit dans le 8ème arrondissement, je n’ai plus son nom en tête. 
CineBoul:Vous avez travaillé pour la marque KARL LAGERFELD et pour CHLOE’. Aviez-vous des contacts avec Karl Lagerfeld?Qu’avez-vous appris de sa manière de travailler?
C.LEBRUN:J’ai effectivement travaillé pour la maison Karl Lagerfeld de 1988 à 1996 – j’étais l’assistante du CEO, et je travaillais pour Karl de temps à autre également car je parle allemand. Karl était un homme accessible, courtois, et il avait beaucoup d’humour et des mots très gentils pour ses collaborateurs. Il était brillant, je n’ai jamais dans ma carrière rencontré un designer aussi talentueux que lui. Karl était cultivé, brillant, et bienveillant. Il était également un grand travailleur, il parlait très vite et dessinait tout aussi vite ! Je me considère comme privilégiée de l’avoir côtoyé professionnellement.
Je suis restée 24 années chez Chloé, c’est ma plus longue et ma dernière expérience professionnelle. On ne reste pas 24 années dans une entreprise si on ne s’y sent pas bien, si on n’est pas attaché à l’histoire. J’ai pu changer de métier au long de ces 24 années : d’assistante du CEO, à la propriété intellectuelle, contrats juridiques et freelances, communication interne, et les 7 dernières années au patrimoine de la maison. Plonger au cours de l’histoire de la fondatrice de la maison, de chacun de designers – dont Karl Lagerfeld – qui ont fait son succès, partager avec les équipes internes, mais aussi avec des clients, des visiteurs externes. Et toutes les recherches qu’on peut faire pour enrichir l’histoire de la marque.
je crois sincèrement que cela est le vrai luxe : disposer de son temps ! Je visite des expositions, je lis énormément, je me documente toujours sur des maisons que je connais, et je peux le faire parce que j’ai le temps aujourd’hui – lorsque je travaillais, je pouvais le faire mais de façon plus superficielle. Par exemple, je lis des biographies : celles de Yves Saint Laurent, je relève les citations qui éclairent telle ou telle période ou collection, je fais de même avec Gabrielle Chanek, mon salon ressemble à une bibliothèque de recherches
CineBoul:Que vous a apporté chacune de vos expérience dans ce secteur et selon vous qu’y avez-vous apporté ?
C.LEBRUN:J’ai eu la chance de collaborer avec des personnes qui ont compris ma soif d’apprendre pour continuer à me nourrir et me faire avancer professionnellement. Je me suis enrichie de chacune de mes expériences, rencontres, des postes variés occupés dans ma carrière – J’ai un esprit curieux, cette curiosité qui me donne l’envie d’apprendre, de découvrir, et aussi de transmettre. 
Je crois que j’y ai apporté ma passion ! 
CineBoul:Comment ce secteur a-t-il évolué depuis vos début?
C.LEBRUN: Il s’est transformé d’entreprises familiales le plus souvent à des grands groupes de luxe. Cela change les rapports aux autres, en termes de structure et de dimensions. Et aussi parfois les relations humaines. Lorsque j’ai commencé à travailler, on obtenait de bons résultats et des croissances régulières, parce que il y avait aussi moins de concurrents. Depuis l’apparition des grands groupes, il faut des résultats, et toujours plus de résultats, notamment pour les actionnaires. Alors bien sûr, une entreprise n’a pas vocation à être philanthrope, mais n’est-il pas essentiel qu’elle soit à l’équilibre, gagne de l’argent pour se développer de façon rationnelle, pour de nouveaux projets et pour reconnaître la valeur de ses collaborateurs ? Je crois qu’aujourd’hui d’une façon générale – et pas seulement dans le milieu dans lequel j’ai travaillé, nombre de collaborateurs souffrent d’un manque de reconnaissance de leur travail. 
CineBoul:Vous m’avez dit que vous étiez à la retraite? Mais se retire t-on réellement de ce secteur? 
C.LEBRUN: J’aime dire que je suis une jeune retraitée, depuis avril dernier après 42 années d’une vie professionnelle riche dans l’univers du luxe mode et horlogerie/joaillerie. 
Chacun vit sa retraite comme il l’entend : je comprends les personnes qui coupent totalement avec leur secteur d’activité. Ce n’est pas mon cas.
CineBoul: Que faites-vous aujourd’hui?
C.LEBRUN: Je profite de mon temps, que je gère comme je l’entends : et je crois sincèrement que cela est le vrai luxe : disposer de son temps ! Je visite des expositions, je lis énormément, je me documente toujours sur des maisons que je connais, et je peux le faire parce que j’ai le temps aujourd’hui – lorsque je travaillais, je pouvais le faire mais de façon plus superficielle. Par exemple, je lis des biographies : celles de Yves Saint Laurent, je relève les citations qui éclairent telle ou telle période ou collection, je fais de même avec Gabrielle Chanel, mon salon ressemble à une bibliothèque de recherches ! Et j’achète beaucoup de livres !
Depuis le mois d’octobre, je donne un cours à Paris School of Luxury, un nouveau module ‘Tout commence par une histoire’ pour faire découvrir aux étudiants l’histoire de marques de luxe et comment leur riche héritage, les codes,  se transposent dans la marque aujourd’hui.
J’écris aussi une chronique Histoires de Mode pour une newsletter payante, Miss Tweed, cette chronique raconte l’histoire d’une maison à travers le prisme de son passé : savoir d’où l’on vient pour savoir où on va. 
CineBoul:Que conseillerez-vous à de jeunes personnes qui voudraient débuter dans ce secteur?
Quel est le meilleur conseil que vous pourriez leur donner? 
C.LEBRUN: Il faut être curieux, s’intéresser à ce qui se passe autour de soi, avoir un esprit ouvert aux autres. Une autre qualité, qui me semble se dissiper : être persévérant et patient ! Un parcours professionnel ne se fait pas en quelques mois, je note  une impatience dans certaines générations, il faut du temps pour avancer, apprendre et réussir – toujours avec humilité et modestie, c’est indispendable !
Sandrine Aloa-Mani

 

 

 

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