Aujourd’hui j’avais envie de vous parler d’un livre: “La casa sopra i portici” écrit par l’acteur/réalisateur italien Carlo Verdone, publié il y a quelque mois en Italie aux éditions Bompiani.
Ce livre raconte l’enfance de l’acteur à travers sa maison familiale. Avant de vous dire pourquoi je vous conseille de lire ce livre, je voulais vous raconter une anecdote à propos de l’auteur.
Quand je suis arrivée à Rome il y a 16 ans, je vivais dans le coeur de la ville: Piazza Farnese.
Chaque matin ou presque, en sortant de chez moi, je voyais un monsieur qui arrivait en scooter sur la place(nous devions avoir les mêmes horaires). Il garait son scooter et se rendait dans un bar du quartier tenu par une Sicilienne (la Signora Rosa) sans doute pour y boire un bon café ou prendre son petit déjeuner comme il est coutume de faire en Italie. Souvent, je remarquais qu’il restait assit sur son scooter les yeux rivés sur le Palazzo Farnese (le siège de l’ambassade de France à Rome),dans ces moments là, il avait un doux sourire qui se dessinait sur son visage. J’avais remarqué ce monsieur pour cela. Je me demandais à quoi il pensait. Et puis un matin alors qu’avec un ami nous nous étions donné rendez-vous sur la place, et que le “monsieur au scooter” au même moment se garait,mon ami Giuliano s’exclama: “…mais c’est Carlo Verdone?!” Je lui demandais alors de qui il parlait, il me désigna le “monsieur au scooter”. “Et qui est Carlo Verdone?” lui demandais-je. “C’est un acteur, un grand acteur, il me fait mourir de rire“.
Je découvrais ainsi que le “mr au scooter” était un acteur, réalisateur, auteur très célèbre en Italie.
Carlo Verdone avait un papa qui s’appelait Mario Verdone, c’était un professeur émérite d’Histoire et Critique de cinéma une matière qui fut introduite par lui en Italie. Mais il était beaucoup plus que cela, c’était un homme de Lettre, un érudit qui connaissait et fréquentait la “Rome qui comptait”.C’était un expert d’Art et de Musique classique, un poète. Un homme d’une richesse culturelle infinie. Il fut l’ami des plus grands protagonistes du cinéma italien comme Sergio Leone, Ennio Morricone, Fellini, Sordi…
C’est cette enfance privilégiée, entre les murs de sa maison familiale que décrit: “La casa sopra i portici“. C’est un flux de souvenirs riches, surprenants, tendres et très drôles en même temps. Cette maison qui fut le “set”d’ exeption et privilégié des rencontres professionnelles du père de Carlo Verdone. Quand tu es un petit garçon et que Federico Fellini sonne à ta porte, c’est un “Monde magique” qui rentre chez toi, ça laisse des traces forcément. Cette maison ou se déroulaient les fêtes “dannunziane” catastrophiques (inspirée a Gabriele D’Annunzio)organisées par sa maman,qui subit les incursions déstabilisantes du génie de l’avant garde Gregory Markopoulos et qui a protégé les rapports merveilleux de Carlo Verdone avec ses parents, son frère et sa soeur est la protagoniste du livre.
A travers une plume tour à tour nostalgique et mélancolique mais aussi bourrée d’humour,c’est la “Dolce Vita” qui défile au fur et à mesure de la lecture.C’est un beau livre, de l’émotion pure.
Si vous aimez l’Italie et lisez l’italien, je vous le recommande, car il vous fera découvrir si vous ne le connaissez pas, un acteur/réalisateur formidable qui depuis 30 ans mène une carrière au plus haut de l’affiche et qui tout au long de ces films a su tracer et décrire un formidable,lucide,désenchanté et quelque fois aussi féroce portrait de l’Italie et des italiens. Pour ceux qui le connaisse et qui l’aime vous l’aimerez encore plus.
Comme le dit lui même Carlo Verdone ce livre est certainement son meilleur film.